Quelques faces de Niamey
Niamey
est une ville fournaise ( 46° à l’ombre en avril) qui révèle dans la nuit
toutes les ambigüités d’une certaine frange de sa population.
Une bonne
partie des nigériens a été influencé par le mouvement religieux izaliste
d’inspiration nigeriane, le grand géant voisin n’a d’ailleurs pas qu’une
influence religieuse sur son petit frère ! Le mouvement izaliste a en
effet réussi à imposer le port de la burka chez une minorité et du voile chez la
majorité des femmes, bref au Niger les femmes diffèrent de leurs consœurs de l’Afrique
de l’ouest vivant au mali, au Sénégal ou au Burkina Faso. Dans le pays, les
mosquées ont proliféré à chaque coin de rue.
Pendant les examens universitaires, les
épreuves sont interrompues à l’heure de la prière pour permettre à certains
étudiants de prier et à d’autres, moins confiants en l’arbitrage d’Allah, de
piocher discrètement dans leurs notes de cours, les réunions de fonctionnaires
ministériels commencent souvent par une récitation de sourate. Bref au Niger on
est religieux et on veut le montrer.
La nuit, Niamey
révèle une autre face, la rue de la joie qui a bénéficié d’un reportage de RFI le 25 mars dernier est le coin des bars,
dancings et tapages nocturnes. Les prostituées nigériennes s’y dandinent jupe
au ras des fesses, haut talons, bracelet de cheville et décolleté vertigineux.
Vers 22
heures dans certains coins de rue les filles font 200 mètres avant de se
dévoiler et de sortir de leur sac jupe courte et haut moulant pour s’en vêtir changeant complètement
d’aspect mais aussi de comportement.
Le voile
a des dizaines de façons d’être noué et traduit un langage que seul quelqu’un
qui connait des codes peut traduire : « je suis disponible », « déjà
prise », « y a rien à tenter », « je suis une femme libre »,
etc.
La nuit
les hommes ne sont pas en reste, bien qu’extrêmement stressés d’être reconnus
dans les bars par des connaissances, certains nigériens s’adonnent à la
Conjoncture (nom de la bière locale) tapis au fond d’une salle ou dans un
dancing.
Peu de
retenu la nuit. Quelques observateurs étrangers de la sous région ouest
africaine qui connaissent le Niger disent que les habitants de Niamey sont des
hypocrites sans courage. Loin de la pression sociale, ils dévoilent d’autres
visages. N’empêche une femme en jupe courte en pleine journée dans la capitale
islamique de Tandja peut provoquer des accidents de circulation chez les
conducteurs trop distraits. Les hommes nigériens aiment les femmes qui se
dévoilent mais à condition que ça ne soit pas les siennes de femmes. Dans les
campagnes certaines épouses cloitrées comme des afghanes refusent de parler aux
étrangers, consigne du mari d’appartenance le plus souvent izaliste. Le
mouvement né au Nigeria a été transporté par des commerçants du sud du pays
dans les années 90 lors de réunions de quartiers.
La
religion musulmane telle qu’elle est pratiquée semble être une couverture,
l’adhésion est résultat d’une coercition sociale bien ressentie.
Niamey
gonfle de contradictions : pas de salles de cinéma, pas de distractions en
centre ville mais les quartiers périphériques révèlent l’autre face de la
ville : maquis, bars glauques, bière à profusion et tapages nocturnes s’y
entremêlent, de Yantala à Poudrière sans parler des quartiers sis après le pont
Kennedy.
Si l’idée
de lapider le grand styliste du pays M Alfadi pour ses défilés qualifiés de pornographiques
a été abandonnée, le flirt avec le géant M Khadafi et la Lybie suit son cours,
même le livre vert du dictateur remporte l’adhésion chez l’élite intellectuelle
nigérienne. C’est dire que le 174ème pays sur l’Indicateur de
Développement Humain ( IDH-2008) sur 179 qu’est le Niger, un des 6 pays les plus pauvres au monde, peux révéler
encore d’autres capacités à reculer qui ne soient ni culturelles ni du point de
vue des libertés religieuses.
A suivre…
Photos:
1) ex Banque nationale du Niger, Building administratif, Niamey 2009, Copyright Lianoire.
2) Deux filles nigériennes du Nord du pays, Tahoua 2009, Copyright Lianoire.
3) Des enfants de Yantala dans la rue, Niamey 2009, Copyright Lianoire.