Chinetoc en Afrique
L’argument récurrent
avancé par les consommateurs africains pour la préférence des produits chinois
est que ceux-ci sont les moins chers du marché. Devant les produits locaux ou
européens, le budget disponible, l’hésitation ne perdure pas, on choisit de consommer
chinois. Et les consommateurs d’ajouter clairvoyants : « même si les made in china ne sont pas de
bonne qualité… »
On ne le récuse pas, nous
les africains sommes si démunis que très rarement nous avons le temps de
raisonner sur la bonne qualité des produits consommables. Nous ne cessons de
privilégier la quantité du moins cher, la quantité et le moins cher. Au XXI ème
siècle, les visites de « courtoisie » de Hun Jin Tao ont lancé la
donne : c’est le temps de la chine en Afrique. Beaucoup d’africains en sont
ravis, nos chefs d’état en tête.
Le dossier de la chine en Afrique
est lourd, des centaines de débats et de controverses ne l’épuiseront pas. Et
il y en aura des centaines de débats.
Pour en revenir à
l’argument de la plupart des consommateurs africains dont le pouvoir d’achat se
résume à peu et qui consiste à dire qu’il vaut mieux acheter chinois parce que
c’est moins cher, je le récuse.
Pour cela point n’est
utile de partir d’étude de cas.
La consommation des
produits chinois nous invite à acheter moins
cher sur le marché africain mais aussi moins résistant, ce qui nous pousse à
racheter parce que le fort des produits non résistants c’est de ne pas durer
longtemps. Avez-vous remarqué la durée de vie d’un couteau made in china, d’un
plateau, d’une brosse à cheveux, d’un appareil électronique ?
Or la logique du marché
chinois en Afrique c’est de refiler des produits de mauvaise qualité qui se détériorent
vite pour que le consommateur en rachète. Ce qui coûte plus cher que d’acheter
un matériel garanti et de bonne qualité qui a une durée de vie plus longue.
Alors pourquoi entrons
nous dans la logique de ce marché ?
Si nous regardons de plus
près les produits chinois déversés à centenaire ou ailleurs, il s’agit de
gadgets en nombre incroyable non recyclables qui finissent sur nos pavés :
de petites figurines massaï, des jouets en plastique, des objets décoratifs de
la même matière d’aucune utilité réelle et encombrant et même des portraits
faussés des marabouts ( Baye Niass, Serigne Touba).
Les échanges entre la
chine et l’Afrique sont inégaux quoiqu’en dise l’actuel ambassadeur de la chine
en France (entretien sur RFI), car il s’agit pour le premier de nous refiler
des produits dont nous pouvons nous passer, non écologiques, désuets, de la
pacotille contre des octrois de marché juteux, du pétrole au Nigeria, de
l’uranium au Niger, du diamant au Congo.
Pendant ce temps, nos
petits artisans qui travaillent de leurs mains abandonnent le métier, nos
menuisiers n’ont plus de commande, les petits pêcheurs d'Angola abandonnent
la partie devant les bateaux de pêche industriel des chinois qui draguent la
mer.
Défendre notre activité
économique au sein, les petits métiers, notre artisanat local, nos ressources
minières et halieutiques relève à partir de cet instant non pas d’un renouveau
de protectionnisme, ni d’un nationalisme, ou d’un continentalisme à l’africaine
mais d’une logique de survie.
Il serait temps pour nos
dirigeants d’arrêter de faire les grands enfants qui se font berner, et de
négocier d’égal à égal pour la survie de nos économies nationales.