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le blog de lianoire
25 février 2011

ces femmes aux moeurs légères de la littérature pré et postcoloniale

Dans plusieurs récits des explorateurs qui ont parcouru les contrées africaines, on croise la réflexion selon laquelle, certaines femmes africaines sont libertines et mènent une vie sexuelle dissolue avec la bienveillance de leur communauté. Elles sont souvent les mêmes: peules, maures ou touaregs. Du Burkina Faso au Niger en passant par le Mali, elles sont décrites sous des traits souvent peu reluisants pour les chretiens abstinents que sont l'explorateur Mungo Park parcourant l'est du Sénégal et le Mali ou le géographe  allemand et féru de botanique Heinrich Barth au Niger à Agadez qui mène une mission au nom de l'Angleterre.IMGP4534__1600x1200_
Mungo Park qui laisse découvrir à la fin de ses mémoires un esprit missionnaire, est convaincu que les nègres qui sont un peuple bienvaillant et curieux contrairement aux arabes, méritent de voir leur esprit illuminer par la chretienneté, mais des moeurs de certaines femmes notamment les mauresses du Ludamar à l'ouest du Mali, il est quelque peu réservé. Le 25 mars 1796, il est effarouché lorsqu'un groupe d'entre elles entrent dans sa tente et lui demandent de lui montrer son appareil génital afin qu'elles puissent vérifier si les nazaréens suivaient les lois qui ordonnent la circoncision.
Quant aux  femmes touareg de la tribu Kel Owi à Agadez,  Heinrich Barth les considèrent comme des marchandises. L'explorateur qui se fait appeler Abd El Kerim, est scandalisé de voir quelques jeunes femmes à seins nus décrites comme des vénus Callypge s'offrir à lui dans la maison du Chef Announ dès que le Sultan d'Agadez a le dos tourné. A Tintelloust au sud d'agadez, il trouve que le nom Anisslimen qui fait référence à l'homme saint ne sied par à cette tribu touareg, il note: "les femmes se montrent fort disposées à entrer, sans aucune honte, en rapport avec les voyageurs, et les hommes s'offraient avec insistance pour leur servir d'entremetteurs". Il est vrai que la sainteté judéo-chretienne (Marie était vierge) s'accorde mal avec le commerce du sexe! A l'époque de l'Angleterre victorienne, la chasteté est un idéal et une garantie pour les femmes et la sexologie se hisse selon l'historienne Elisabeth Abott, contre "le dard porteur de mort".

IMGP4563__1600x1200_Pendant la période coloniale, les femmes peules sont connues pour avoir été dans plusieurscolonies de l'Afrique de l'ouest, les favorites des administrateurs français. Au Burkina Faso, on les appelait les maîtresses peules de ces messieurs, les mousso, sorte de femme fatale qui vaut que certains colons français n'hésitent pas à se ruiner. Amadou Hampaté Bâ en fait une brève description dans la vraie histoire de l'étrange destin de Wangrin. Elles sont les génitrices d'une floppée de merveilleux batards métisses envoyés dans les orphelinats coloniaux et dont les archives du Niger gardent de brillants témoignages à travers le registre des affaires sociaux.

 

Livres:

Heinrich Barth, 2005, voyages et découvertes dans l'Afrique septentrionale et centrale dans les années 1849 à 1855, Tome 1,Editions Elibron classics, page 255, 1ère édition 1860

Elisabeth Abott, 2003, Histoire de la chasteté et du célibat, Editions Fides, 615 pages

Amadou Hampaté Bâ, 2007, L'étrange destin de Wangrin, Editions 10/18

Photo:
1) Plaque devant la maison du chef Announ, lieu de résidence de Heinrich Barth, Niger février 2010, photo Lianoire
2) Agadez, aperçu des terrasses de la ville, Niger février 2010, photo Lianoire

 

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