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le blog de lianoire
5 août 2008

Vivre avec ce Sénégal là?

Vivre au Sénégal
faudrait faire avec? Vivre au sénégal mais pas au rythme du pays et des gens qui le dirigent? Vivre au sénégal sans les contraintes du quotidien: programmes télés bas de gamme qui vident les esprits de plus en plus, défilés sempiternels du vieux abonné au Télé Touki Touba, coupures incessantes d’électricité et d’eau, réseau saturé ou en dérangement de la Sonatel, routes infestés de nid de poules et de poto poto en bordure des fosses à ciel ouvert, gaz en pénurie, pénurie de riz, prix des produits de base inabordable, déchets accumulés à ciel ouvert et pollution.
Pardonnons à ceux qui choisissent "barça ba barsak" c’est leur niébé certes, mais franchement ça se comprend un tout petit peu, vivre dans l’infernal de l’enfer, vivre dans le calvaire des jours sans eau, sans électricité, vivre tels des fantômes ahuris, vivre en attendant de crever dans un accident de voiture sur l’axe Fatick -Dakar saturé de mauvais Jinn dit-on à moins que ça soit ces sérères volants qui terrorisent la population: sa bokhoumala!
Si je serrais la main du Vieux, je ne manquerais pas de lui demander ce qu’il pense de son slogan placardé deux ans auparavant sur le long des routes: Le Sénégal qui avance. Ah oui Ce Sénégal qui avance avec une perpétuelle pénurie. Ce sénégal qui avance quand toutes les institutions sont paralysées par les coupures. Ce
Sénégal qui avance tandis que la pandémie de la paresse se perpétue (je ne vous souhaite pas d’avoir maille avec l’administration sénégalaise actuelle c’est à baver de folie, on savait ce que c’était il y a dix ans, là c’est la totale!)
Au régne des cancres, des bofs, des lèche cul, des bouffons et autres salopards à cumul de mandats, quatre voitures, villas de rêves aux Almadies, abonnés à la frénésie d’achats de terrains et de spéculation foncière ainsi qu’à d’autres malversations financières; l’on se demande si nous les sénégalais continuerons encore longtemps à faire avec.
Vivre avec...
yala bakhna...
lou diot yeg...IMGP2879
Vivre sans les extraordinaires contraintes habituelles érigées en normes. Moi je construirais ma maison en brousse loin des pique assiettes et autres bouseux qui vivent de quémandes. J’installerai un solaire pour puiser mon énergie; je creuserai un puits pour ne pas dépendre de la ration de SDE ou du manque pression. Je n’acheterai surtout pas de télé ni de journaux (on ne rate rien sans) pour éviter la litanie des faits divers scandaleux qui n’émeuvent plus et les derniers mêmes frasques des transhumants, les dizaines de
détournements de fonds publics et les contorsions faites à notre constitution, etc.
IMG_4669Je pédalerai mon vélo ou sillonerai le pays à pattes pour éviter les énervantes et éternelles tractations des nuées d’apprentis et des paresseux chauffeurs qui nous prennent pour des moins que rien quand ils ne se décident pas de nous basculer de vie à trépas au prix de leur stupidité.
Mais qui aujourdh’ui au Sénégal est sur de pouvoir échapper à la vague des 4*4 et Hummer (ils roulent tous dedans quand des panneaux publicitaires placardés de part et d’autre de la route ne nous incitent pas à acheter un 4*4 avec l’élégant prix dessus: seulement quelques dizaines de millions à la portée de tous les sénégalais n’est ce pas?) qui font d’étonnantes entorses au code de la route?
Qui est sur d’échapper à la nouvelle mode conduite: doubler à droite pour se fracasser contre un camion surchargé qu’on avait pas vu et faire des tonneaux pour écraser les enfants qui jouaient par là au bord de la route.
Ha l’élégance et la précipitation des sénégalais nouveaux riches d’aujourd’hui!
Je pédalerai surtout mon vélo hors piste et éviterait ainsi trois fois sur mon parcours d’être arrêté par un motard sirène hurlante parce qu’il faut laisser passer le cortège du président, du ministre et de sa délégation, du sous préfet et même du planton présidentiel. A chacun son cortège filant à vive allure et saupoudrant de poussière les pauvres sénégalais qui passaient par là: laissez-nous passer en premier vous bouseux entassés dans les ndiaga ndiaye et autres carcasses, nous sommes les ministres et ministrables, les délégués et déléguables, les politiciens petits filous, bref nous sommes ceux d’en haut qui avons des choses à faire plus pressantes et importantes que vos viles préoccupations de piétons et minuscules consommateurs. Place!
À quoi se résume en fait les préoccupations d’un sénégalais empressé qui n’est pas politicien roulant dans un citroen ou un 4*4?
Chercher le cadavre de son frère qui a périclité sur la route de Fatick ou au croisement de Diamniado, parce qu’un camion qui doublait n’a pas vu le 7 places qui arrivait mais qui ne dit pas que c’est de la sorcellerie dit le sénégalais moyen qui s’en ira aprés obsèques, chercher la faute chez le voisin trop curieux donc trop envieux.
Autre préoccupation du sénégalais moyen: chercher encore son mari décédé aprés une petite opération d’appendicite et à qui on apprendra sur place que le chirurgien avait oublié par mégarde le pansement dans l’abdomen.
Le sénégalais moyen passe son temps à chercher de quoi remplir une marmite au moins une fois par journée: le petit déjeuner ce n’est plus possible quand le kg de pain coute 175 frcs, le lait déguelasse en poudre 1700 frcs et le paquet de sucre 700 frcs. Trop compliqué de se demander ce que cela fait pour un polygame à 4 épouses, 22 gosses et 2 tackos, plus le résidu de famille débarqué du village qui attend bouche ouverte qu’il nourisse toute cette populace.
Messieurs optimisez vos spermatozoides, mesdemoiselles et mesdames domptez les ovules avec les pilules contraceptives et non le planning familial comme nous le rabâchent ces campagnes d’information-prévention santé de la ministrable Safiétou Thiam et ses autres collègues avant elle. Il ne s’agit plus d’espacer des naissances comme il est dit trop pudiquement depuis dix ans, mais bien de ne plus faire de futurs coxeurs, badauds, talibés, voleurs, déshérités, enfants prétés, donnés ou abandonnés, futurs "stranded".
Refrenons nos pulsions à défaut de nos envies dont nous n’avons pas les moyens. Il faut dire la vérité là où ça fait mal way!
Le sénégalais moyen d’aujourd’hui enfin est ce constant mendiant; du Président de la République qui se voit obligé de racketter l’ASECNA quand elle va pas quémander sa pitence chez Sarko à la grand mère édentée qui
demande au toubab s’il a pas cent francs pour son deukhin du soir en passant par le petit enfant de rue (un qu’on aura encore fait sans réfléchir aux moyens de sa subistance) qui mendie 150 francs la journée pour son serigne mendiant lui-même au service de la religion.
Du haut de ma selle de vélo sur la piste, je me demanderai s’il est vraiment possible en fin de compte de survivre dans ce sénégal défiguré par une culture de l’excés dans la richesse comme dans la misère autant que par une culture de la mendicité à toutes les échelles.

Photos:
1. petits enfants peuls de Saly, Copyright lianoire

2. Puits, Copyright N Moiroux

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