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le blog de lianoire
23 juillet 2008

safari tibao

L’école Jacques Prévert de Mbour inaugurée par son excellence l’ambasadeur de la France Jean Christophe Ruffin (promu à l’académie française qui bientôt pliera bagage pour rejoindre les immortels de la littérature) a ouvert ses portes en septembre 2007.
L’école française de Mbour est dirigée par un groupe de français expatriés, réunis sous une association dénommée Safari Tibao.
En effet, cette école a tout l’air d’un safari entre le professeur de musique ancien batteur de tam tam dans un hôtel et une ex avocate internationale reconvertie. Décidés à ne pas confier leurs enfants à n’importe qui et surtout pas au système éducatif sénégalais, des français ont ouvert à Saly quartier touristique, deux écoles qui sortent des normes. En dehors des prix de scolarité chers pour un sénégalais moyen (mais l’école n’est pas pour le fils d’un sénégalais moyen;Prix de la scolarité à la primaire: 65000 francs cfa, au collège: 95 000 francs cfa), la gestion de l’école est ahurissante. Les enfants sont parfois encadrés par leurs parents, eux-mêmes improvisés pédagogues sur place. Leur salaire est alléchant: la moitié d’un million de franc cfa qui sera revu en hausse dès l’année prochaine. Certains expatriés oisifs qui n’ont jamais rien fait de leur vie s’inventent des diplomes d’enseignant ou d’ex cadre en europe pour enseigner dans la "prestigieuse" école française. hummer_h2_jetsettuning_06
On rencontrera une dame G ancienne avocate internationale qui ne pipe pas un seul mot d’anglais conduisant une voiture marque Hummer et qui est devenue sous le rude soleil de saly une professeur... d’art plastique; un couple de hippie dont le salaire s’élève à un million de francs cfa, la direcrice de l’école elle-même ex directrice d’école française selon ses dires qui décharge toutes ses responsabilités sur une parente d’élève , enseignante à la primaire, la trentaine, une toubab née au sénégal. Une autre toubab enseignante réussit à faire recruter son amant baye fall comme...professeur de sport.
Les expatriés improvisés en enseignants et les rares sénégalais qui se sont rejoints à ce qui ressemble plus à un parc d’attraction qu’à une école d’élites sont organisés en groupes. Commérages, dénonciations, rivalités vont bon train.
En avril dernier, un parent d’élève, une française aux allures de saoulard giffla la dame G propriétaire de la Hummer... devant les élèves. Motif de la dispute? Mystère pour les non blancs.
On raconte que l’école servirait de couverture à
certains expatriés qui font du trafic de drogue et d’autres commerces louches.
On raconte...
L’affaire ira jusqu’au commissariat et se réglera par des excuses à huis clos. Personne ne s’est intéressé aux parcours de ses ressortissants coptés dès leur arrivée: ils sont blancs et rejoignent leurs compatriotes, faut se serrer les coudes chez les sauvages. Des sauvages qualifiés de "paumés" par la directrice de l’école primaire qui prétend que tout salaire sera accepté par un sénégalais. Alors on fait valser les gardiens et femmes de ménage payées 25 000 francs le mois pour nettoyer des heures durant et dont bons nombres ont été virés pour une broutille.
La visite de l’inspecteur d’académie il y a quelques mois a causé un remue ménage: la directrice a payé pour un million l’unité des ordinateurs neufs pour donner l’image d’une école moderne ouverte aux nouvelles technologies alors que les élèves ne s’étaient jamais servis des machines.
L’association Safari Tibao n’est pas à sa première, l’école avait ouvert ses portes dans un autre site, mais faute d’élèves, elle avait mis clé sous la porte. Aujourd’hui elle revient en force, les français sont bien organisés et décidés à sauver les apparences.
L’intérêt de l’école Jacques Prévert: permettre à certains expatriés de nationalité française de profiter de la manne éducative et du bordel dans lequel est plongé l’éducation nationale qui ne vérifie rien. Et pourtant pour les nouveaux riches installés à mbour, les immigrés fuyant la crise ivoirienne et les expatriés européens; inscrire son enfant à l’école française est un signe de distinction, une chance.
Pour leurs enfants fils et
filles de riches, être à Jacques Prévert c’est se démarquer des autres élèves porteurs de blouse flottante arpentant l’école privée Keur Madior ou encore pire les écoles publiques sénégalaises qui ont fourni leur enseignement que pendant trois mois sur les neuf mois de scolarité prévue. L’enseignement au sénégal pour qui en doutrait est un secteur lucratif.saly_new1
A Mbour ouvrez école et vous êtes riche. Tout le monde se précipite. La demande est de plus en plus forte. Les parents ne savent plus à quel diable se vouer. Les professeurs du public éternellement en grève et qui voient leur salaire se réduire lorsque l’état veut bien sanctionner, pratiquent ce qu’on appelle dans le jargon local mbourois: du khar mat. d’école privée en école privée ils proposent leur sevice et sont payés à l’heure ce qui assurent à certains des revenus supplémentaires peu négligeable en cette période de forte crise économique. Les futurs expatriés au sénégal sont prévenus mais aussi les compatriotes sénégalais qui ne désirent pas jetter l’argent et l’avenir de leurs enfants par la fenêtre. La seule question est comment l’état sénégalais parvient à laisser passer ça sur son territoire. On se demande ce qui doit être réservé à Safari tibao et à ces toubabs venus s’enrichir sur le dos de l’éducation nationale sénégalaise et le ministère des affaires étrangères français. L’on souhaite qu’au lieu de karcher, les autorités sénégalaises optent pour des moyens plus civilisés et en phase avec la loi.

Espérons que la sonette d’alarme se déclenche.

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