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le blog de lianoire
18 juillet 2008

Tant qu’il y’aura des parents...

Nuruddin_farahVous voulez que je  vous dise la relation entre Ketala de Fatou Diome, Secrets de Nuruddin Farah et le téléfilm thiéssois, Goumbé réalisé par Papsy et paru le mardi dernier sur la première chaine nationale sénégalaise ( RTS)?
Les auteurs africains s’interrogent différemment sur la lourdeur des réseaux de parenté et le poids des contraintes qui y est assorti.
Si les parents (père et mère) hurlent à l’ingratitude de leurs progénitures de plus en plus dans les foyers en Afrique, c’est que longtemps, on a considéré qu’avoir un fils était rentable pour les champs et une fille pour la cuisine et la dot qu’elle fournira.
Aujourd’hui la rentabilité est attendue à chaque fin du mois que sanctionne un travail salarié.
Aux enfants d’assurer les vieux jours de leurs parents. Plus ils sont nombreux, plus les "vieux" se sentent en sécurité, si l’un tourne mal l’autre pourra toujours rembourser ce que les parents ont sacrifié pour lui.
Car, sacrifice est le mot que les parents utilisent souvent pour parler de l’éducation, la nourriture et autres besoins auxquels ils sont survenus pour des rejetons à qui ils ont donné vie.
Peut-on réellement parler de sacrifice?
Qui a demandé aux parents de donner vie?
Ont ils eu le couteau sous la gorge pendant le coït décisif?
Plus le réseau de parenté est élargi, plus le problème de ce qu’on doit aux parents se posent.
Leur doit-on réellement quelque chose?
jusqu’où les parents en Afrique demanderons à leurs enfants d’aller?
Combien faut-il payer pour être reconnaissants à ses parents au sens élargi du terme (père, mère,  frères, soeurs et demis frères, tantes, oncles, cousins, grands-parents, la belle famille, les coépouses etc)?

Dans  Ketala, Fatou Diome via les meubles qui parlent et se remèmorent leur défunte maitresse nommée Mémoria, se demande si les parents ne devraient pas coter leur foetus en bourse ou faire signer aux nouveaux nés des contrats dans lequels ces derniers verront ce qui les attend: allégence, dons infinis, reconnaissance, gratitude, obligation d’obéisssance dans les choix dictés par les parents.wade_et_fils

Le grand écrivain somalien en exil, Nuruddin Farah parle dans Secrets (troisiéme ouvrage d’une trilogie paru chez Le serpent à plumes, 2001) d’un chantage social pour souligner la dépendance et l’opportunisme des parents éloignés qui déboulent dans nos vies pour exiger: logement, vivres et argent au nom parfois d’obscurs liens familiaux qu’il est peu aisé d’établir.

Dans le téléfilm Goumbé, la question de ce que doit les parents riches à leurs proches pauvres, s’est posée mais d’une manière qui ne l’aborde que de biais et qui ne questionne pas la nature des liens entre parents à la ville et parents aux villages. La question matérielle est prégnante. Le neveu riche a une maison en étage , du travail de l’argent, tandis que son oncle Goumbé un paysan pauvre vivant au village, creuse des puits pour survenir à ses besoins. Goumbé a alors l’idée de jouer au malade imaginaire afin de se faire entretenir par son neveu riche qui tombe dans le piège.
Instrumentalisation de la parenté, cupidité, goût de la facilité, mensonge sont pointés du doigt dans ce téléfilm qui hélas, ne creuse pas loin dans l’analyse des rapports sociaux et familiaux du Sénégal d’aujourd’hui plongé dans la crise alimentaire et économique avec un recul des valeurs systématique à tous les niveaux.

L’on ne s’étonne pas que les meilleurs postes, l’argent des contribuables et du codéveloppement passent souvent et toujours depuis des décennies dans les mains des parents de nos dirigeants. Les premiers pions, les premiers bras sont toujours des parents au sommet du pouvoir et dans les entreprises.
Une madame Bongo, une fille Bongo, des neveux Bongo qui possèdent de grands appartements parisiens, les postes clés sur le dos de qui?
Wade, son fils, ses amis, ses ministres qui placent en priorité et à leur tour leurs fils, leurs amis, etc et c’est nous qui finançons toujours et encore la réussite et l’enrichissement subit et spectaculaire des gens qui nous affament. C’est ainsi depuis des décennies.
Mais gageons que l’ordre des choses est en train de changer, de génération en génération les comportements et les perceptions diffèrent.
warc_a0a2i8_bLe réseau de parenté est d’une efficacité redoutable, mais il peut être parfois périlleux de vouloir se sacrifier (don contre don) pour ses parents en passant les nombreux caprices des uns et des autres ou en se fiant beaucoup trop aux avis peu désintéressés des proches. C’est un carcan familial lourd dont il faudra se défaire un jour et bientôt.

PHOTOS:
1) Nuriddin Farah, photo http://arabwomanprogressivevoice.blogspot.com/2007/04/when-somali-writer-is-not-hirsi-ali.html

2) Le président Abdoulaye Wade et son fils Karim Wade, photo AFP/ Getty Images
3) Madame Koli Sy et son enfant. Copyright Phil Curtin 1966

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