les bantous à Branly

"Quand je suis allé au Trocadéro [...] j'ai compris que c'était très important: il m'arrivait quelque chose [...]. j'ai compris à quoi elle servait, leur sculpture, aux nègres. [...] tous les fétiches [...] étaient des armes. pour aider les gens à ne plus être les sujets des esprits, à devenir indépendants."

Picasso avait sans doute raison en apportant sa sensation à André Malraux dans les années 1970 à travers ces propos. En visitant les collections de "statues de tête en forme de cœur" et des reliquaires provenant essentiellement du musée Royal d'Afrique centrale à Bruxelles, de Dapper et du Quai Branly, la vision des œuvres d'art d'Afrique centrale de peuples bantoues éparpillées entre la RDC, le Congo et le Gabon, des groupes Yaka, Fang, Hemba, Kwele offre une vision singulière et libertaire mais pas dans l'absolu, de l'esprit de création des africains de l'Afrique centrale.
De belles figurations d'un style épuré s'offrent au regard notamment les statuaires du Gabon entre féminité, pouvoir et religion. Il sera toujours difficile voir impossible pour un amateur de sens comme moi d'inscrire ces visions fugitives de masques contemporains ou ancestraux dans l'inquiétant ou la profondeur mystique ou encore le respect du rituel. Il est sans doute indispensable de transcender le lieu-musée, pour figurer ces fétiches,  dans leur fonction rituelle véritable et pour retrouver l'origine de l'émotion.

En dehors de cela, le long de la visite à esquiver- je n'ai pu hélas éviter cet écueil- les faiseurs de procès de l'entreprise coloniale, quelques visiteurs européens hantés par l'histoire et qui dès qu'ils voient un noir se sentent obliger de condamner.
Chut! chaque chose en son temps. Pour l'exposition fleuve Congo, Admirons plutôt.

PHOTO:

1) Statue Teke, République du Congo, Quai Branly, Lianoire août 2010
2) Ombre, Lianoire, août 2010