"La Zambèze et la Corrèze ce n'est pas tout à fait la même chose!"
On le dit talentueux. Je veux bien le croire. Franchement je me suis résolue à lire un de ses ouvrages au Niger parce que je n’avais pas mieux à faire. Un léopard sur le garrot est bien construit, son écrivain qui en dessine une partie de sa biographie de médecin est un homme sensible et faussement modeste, le tout est d’un style littéraire pas mauvais du tout.
Je n’ai pas été surpris je savais depuis bien longtemps que l’homme était un bon littérateur, si on polémique de plus en plus sur les têtes qui entrent à l’Académie Française ou qui obtiennent le Goncourt, Jean Christophe Rufin n’est pas celui qui mérite moins son siège à l’Académie Française.
Ce qui semble de plus en plus déranger chez l’homme, c’est son hypocrisie stylée et sa franchise rouillée.
On dit de l’homme qu’il est insaisissable, mystérieux, inclassable, ambigu.C’est sur ce dernier trait de caractère qui parait bien juste sur lequel je veux venir. J.C Rufin a été nommé sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ambassadeur de France à Dakar.
Cela fait un an qu’il demandait à partir et plus de deux années que Abdoulaye Wade le président sénégalais demandait à ce qu’il parte. Les deux hommes ont jamais pu obtenir gain de cause, leur hostilité réciproque en a souffert.
En réalité il semble que J.C Rufin ait plutôt plus obtenu
gain de cause. L’ambassade de la France à Dakar est la 3ème ambassade
française la plus grande et la plus importante au monde, J.C Rufin
lui-même
le révèle, le poste est convoité par beaucoup de diplomates français qui
rêvent
de couronner leur carrière en passant par la rue Eh Hadji Assane Ndoye
sur la
Corniche dakaroise et ce fut un honneur pour lui que d’entrer dans ce
bastion
de la représentation française, par la grande porte. Ceci il le
fait dans un
contexte politique que tout le monde connait. L’ex humanitaire, neurologue
de
formation, n’ignore point qu’à l’époque jusqu’à
aujourd’hui
la politique étrangère française notamment en Afrique est dominée par la
question de la maîtrise des flux migratoires. Sale affaire mais
également sale
politique dont il ne se rechigne pas être le représentant. Maintenant
que J C.Rufin
n’est plus à l’ambassade, il veut dénoncer. Quoi ? La sale affaire, la
sale politique de l’Elysée en Afrique. Il est outré que les choses
soient ainsi
il semble qu’il n’en savait rien, il a été dupé, le dupe. Il va plus
loin, son
ancien pote non moins attaché à ses anciennes principes gauchistes et
moins
aujourd’hui humanitaire, pour ne pas le
nommer, Bernard Kouchner passe au mixer. J.C Rufin dénonce la vitrine « people »
de son ami qui lui au moins dit en passant, ne se ment plus depuis des années
et avance à visage découvert dans le camp des ex ennemis aujourd’hui amis de
droite. Le lâcheur. Mais qui croit encore à la réalité des clivages des
orientations politiques ? On peut jongler, être de gauche, de droite, du
centre milieu ? Quelle différence ? On peut être un transhumant
politique comme ces sénégalais savent si bien le faire en politique et comme
J.C Rufin le sait si bien, lui qui s’est résolu à n’être rien de tout cela. Tout
le monde s’en fout du moment où ça aide à grimper l’ascenseur social et
politique.
Et c’est par là que le bat blesse et que certains ex collègues
de J.C Rufin de MSF, disent de l’homme que c’est un opportuniste carriériste. Les ONG, le ministère de la défense, l’ambassade du Sénégal
aujourd’hui l’Académie Française et J.C Rufin à chaque fois qui dit tomber là
par hasard, être manipulé comme au Rwanda, comme au Ministère de la défense où
il s’ennuyait en tant que Directeur de
cabinet de François Léotard parce que raconte t-il dans son ouvrage : « il
n’avait rien à faire », son bureau était vidé de dossier. On le soupçonne
d’avoir flirté avec les services secrets français à plusieurs reprises notamment
en Ethioipie en 1985, lorsqu’il refuse de quitter le terrain avec AICF (actuel
Action contre la Faim) pour lequel il menait à l’époque une mission médicale ;
puis au Rwanda en plein génocide lorsqu’il rencontre par deux fois Paul Kagamé
pour négocier la libération de soldats français détenus.
Aujourd’hui il fustige les canaux de communication privilégiés de nature « privée » qui lient la France au Sénégal et qu’il n’a pas pu combattre, lui qui voulait que tout se fasse de « manière officielle » dit-il et tire en passant sur Claude Guéant Secrétaire Général à l’Elysée qui devrait savoir ajoute Rufin que « la Zambèze et la Corrèze ce n’est pas tout à fait la même chose ». Rufin lui le savait-il vraiment en acceptant son poste à Dakar qui l’a rendu amer quoi qu’il s’en défende ?
Aujourd’hui J.C Rufin a tiré sa révérence, à Dakar c’est bon vent milieu wadiste, l’ex ambassadeur qui a accordé un interview à la radio sénégalaise, RFM, dit que « le fort des mamelles n’est pas assez haut », lui qui a l’habitude des hautes altitudes, gageons qu’il grimpera plus haut tout en continuant à gratter du papier!
Source:
1) Un léopard sur le garrot, Couverture de livre, Gallimard collection Folio, 2008
2) Jean Christophe Ruffin, http://www.rue89.com/files/20070814RufinInsidecopie.jpg