Besson/ Tandja même fibre patriotique ?
Je viens
d’être témoin d’un regain de patriotisme aux allures morbides.
Tandja
souffrirait-il du syndrome du cynisme patriotique (ne cherchez pas je viens
d’inventer la pathologie diagnostquée sur un malade entêté).
Avant-hier
nuit se tenait au CCOG de Niamey la soirée du patriotisme organisée par les
artistes nigériens sous le patronage de Mamadou Tandja qui a dépêché ses
ministres de la jeunesse, de la communication, des forces armées et d’autres
personnalités fort curieuses du même type pour le représenter. Les nouveaux
ministres nigériens qui adorent "faroter"(frimer) ont le même manque de classe et de
tenue que les « lèche-nel » (nel en wolof signifie crane rasé) de ministres du président sénégalais.
A Niamey,
le ton fut donné hier en début de soirée : une attaque en règle contre les
pays de la sous région et surtout de la CEDEAO accusée de vouloir diviser les
nigériens et de ne pas respecter la volonté du peuple nigérien qui dans sa
confiance réaffirmée à Sieur Tandja aurait voté massivement oui au référendum
et encore oui aux législatives d’où d’ailleurs les merci placardés de part et
d’autre de la ville sur des affiches en fond blanc qui ne passent guère
inaperçues. Des affiches brandies avant même la proclamation des
résultats!
Bref la
soirée du patriotisme qui s’est ouverte par la chanson de l’hymne national puis
par le hurlement d’une chanteuse qui réaffirmait son amour au Niger n’a trompé
personne.
Les
manœuvres politiciennes se multiplient pour faire reculer la CEDEAO et la
communauté internationale, inutile de préciser que tout a été filmé et passé
sur la première chaine nationale.
Les
artistes les plus contestataires en l’occurrence le rappeur Kamikaze et le
guitariste touareg Abdou Salam sont passés parmi les derniers bien après le
départ des autorités de l’état. Le premier n’a pas hésité à déclamer sa chanson
phare qui apostrophe le pouvoir politique et le second a scandé tout simplement
le nom de Hama Amadou, l’ex premier ministre emprisonné près d’un an et qui a
viré dans l’opposition dès sa sortie de prison. Mon regret a été que les
artistes nigériens aient finalement joué le jeu de leur président qui tente
d’imposer le principe du fait accompli comme le souligne le journaliste Hima de
l’hebdomadaire, La Roue de l’Histoire.
Tandja
cherche des appuis et multiplie les menaces alternant une politique de
dure à l’interne et des cajoleries foireuses à l’extérieur par le biais de son
nouveau ministre Ali Badjo Gamatié chargé de ramener la communauté
internationale à des bons sentiments vis-à-vis du Niger.
A Gamatié,
ancien fonctionnaire international on souhaitera bonne chance, la réunion
d’abuja se tient demain et la ministre des affaires étrangères et de la
coopération Mme Aïchatou Mindaoudou aura fort à faire avec notamment le
président nigerian Umaru Yar’Adua remonté contre la politique tandjaiste.
Cependant
l’on sait bien qu’en Afrique, rien ne dure on oublie vite et les dictateurs
finissent toujours par triompher de leur peuple, l’on ne s’étonnera pas que la
CEDEAO recule notamment sous les menaces de fiscalité (le Niger promettant de
taxer l’ensemble des produits de la CEDEAO) ou lorsque Tandja réussira à se
mettre dans la poche les alliés des pays francophones en isolant le Libéria et
le Nigeria.
Cette
histoire me fait penser à Eric Besson, ministre de l’immigration, de
l’intégration et de l’identité nationale qui veut imposer la chanson de la
marseillaise aux jeunes français une fois par an et qui prévoit un débat en
janvier sur l’identité nationale.
Mais
qu’est ce qu’ils ont tous quand ils sont autant détestés de brandir la question
du patriotisme et de l’identité, à manipuler dangereusement la fibre
patriotique de citoyens auprès de qui ils sont si impopulaires ?