Si Mamar Kassé m'était conté
Il est
important de se dire qu’il ne faut pas désespérer du niger.
Tazartché
pas tazartché, on s’en fout de cet ivrogne de Tandja tout hoquetant devant
quelques dignitaires lorsqu’on écoute jouer le groupe Mamar Kassé.
Car l’on
peut délaisser le discours vulgaire et mensonger pour prêter des oreilles pures
à la délicate musique peule à ses heures de Yacouba Moumouni. Le groupe Kassé
est connu outre Djoliba et s’est fait un nom sur la scène internationale.
« C’est le chouchou des blancs au Niger disent certains mais moi je
ne l’aime pas ».
Qu’importe,
il est difficile pour un nigérien de se faire un nom à l’extérieur mais si
Mamar Kassé est un groupe talentueux, nous ne prêterons pas oreille aux
mauvaises langues.
Peul et
Songhai, homme aux fesses posées entre deux chaises, ce monstre de la chanson
nigérienne vient de m’être donné à voir.
Le
spectacle s’est planté dans le décor du CCFN Jean Rouch. Calebasse, flute,
tambour, kora et guitare ont accompagné la voix caressante et entraînante de
Yacouba Moumouni. Acoustique et électrique ont mêlé douceur et rythme endiablé.
L’homme
puise dans le vaste répertoire culturel des deux groupes
« ethniques », frères, cousins, voisins et dans les légendes qui
renforcent le lien entre les deux groupes. Les influences viennent aussi de Ali
Farka Touré et hommage a été faite à Oumou Sangaré.
Deux
monstres de la musique malienne ont aiguillonné le parcours de ce troubadour
nigérien qui chante l’amitié touareg, la primauté de la mère ou encore la vigilance
que l’on doit porter face au fléau du sida. De l’art dans le message et du
message qui fait sens dans l’art.
Pour le
plaisir des yeux, la grande surprise, la mienne et celle de nombreux étrangers
présents a été l’incroyable prestation des danseuses et la découverte des
gestuels lascifs, langoureux ou endiablés des danses nigériennes.
Les peuls
ont beau être la risée des haoussa et des autres groupes de langues en général,
sa culture, son corps traités ironiquement de décors au grès des festivals qui
mettent à l’honneur leur patrimoine culturel, je souris en écoutant Yacouba
Moumouni chanter et danser Fulbé et je me dis : les peuls sont les maîtres
du monde.
Qui dit
le contraire ?
PHOTOS:
1) Parade peule à Tillabéry, Mai 2009, Copyright Lianoire
2) Yacouba Moumouni, Mai 2008, Copiright Vincent, Radio-fmr.net