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le blog de lianoire
1 juin 2008

A deux ans d’intervalle: après le plan REVA…GOANA

Qui aujourd’hui peut s’étonner de nombreux plans et projets (lire à ce propos l'éclairante contribution sonnant comme rappel du retraité Mandiaye Gaye) lancés par notre aimable chef d’état à l’esprit si bouillonnant d’idées.
Mais bouillonner d’idées c’est peut être tout ce que Maître Wade a su faire après 8 ans et deux mois pile de règne, qui pourrait s’assortir de 7 ans de plus au lieu de cinq ans voté initialement (c’est une tendance peu surprenant chez nos hommes politiques, avant Wade notons le coup de force de Paul Biya au Cameroun il y a quelques mois).
Mais passons. GOANA donc après REVA en 2006.
La grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance, titre pompeux, projet faramineux pour une montagne décidément qui n’arrête pas d’accoucher de nombreux souris. Lancé le 18 avril 2008 par son excellence Maître Abdoulaye Wade, le projet fait couler effectivement de l’encre mais pour décrier bien entendu un projet de plus, en contexte de crise alimentaire dans la lancée du médecin après la mort.
Objectif : venir de nouveau en aide au milieu agricole et aux paysans défavorisés dans leur métier. Produire plus pour manger plus.
Sifflé par les médias et l’opposition, peu soutenu par les populations, gageons que le projet tombera à l’eau comme les autres avortons morts-nés.
Déjà le conseil national de concertation des ruraux (CNCR) émet des réserves, en effet au lieu des 344 milliards de cfa annoncé pour GOANA, il y aurait 32 milliards seulement de disponible et le CNCR de déplorer les risques de spoliations foncières ainsi que le manque de concertation avec les représentants des paysans. L’état dans cette affaire comme dans d’autres, a agi et décide seul comme s’il existait en dehors du peuple qui a élu ses membres.
Notons par ailleurs que dans la foulée, le ministre des biocarburants et des énergies renouvelables, Christian Sina Diatta s’est cru obligé de lancer le « génie du GOANA », un programme de recherche scientifique qui sanctionnerait le travail des chercheurs. Appel à projet médiatisé en direction des laboratoires scientifiques et de leurs chercheurs sur walf !
L’université quand à elle agonise sous les manques de financement, le nombre pléthorique d’étudiants dans les amphis, les grèves incessantes d’étudiants clochardisés, la placidité des enseignants que tout indiffère hormis leur salaire et leurs acquis sociaux, la paralysie de la recherche et de la publication scientifique, le manque d’attractivité des formations, etc. Aucune réponse n’est apportée à ces problèmes et pourtant les projets ne manquent pas au sein de l’état.
Le Sénégal (12 521 851 habitants en 2007 est l’un des plus grands importateurs de riz après le Nigeria (pays le plus peuplé d’Afrique avec 140 millions d’habitantsen 2007) mais aucune volonté politique n’a réussi à canaliser cette réalité en engageant un programme de réforme agricole à long terme destiné à produire ce que nous mangeons. Résultat : la crise alimentaire frappe le plus les pays africains en pleine crise économique et sociale comme le Sénégal et plus particulièrement les ruraux.
Lorsque rien ne va plus, que les jeunes se jettent dans les pirogues ou le désert et préfèrent affronter la mort plutôt que leur pays, que les différents fonctionnaires vont en grève, que la crise casamançaise s’intensifie et que le sud plus que jamais divisé du nord, voit son économie décroître, que les intellectuels émigrent, que l’éducation des jeunes n’est plus assurée, que l’inculture fait légion au niveau des populations locales, que la précarité et le chômage font loi. Lorsque enfin dans un tel pays, les représentants de l’état mènent un train de vie outrageux aux yeux de gens affamés et abattus; il ne faut pas s’étonner que la société soit au bord de l’explosion et que faute de justice sociale et de dirigeants compétents et ambitieux, capables de mener des réformes drastiques dans toutes les structures, le Sénégal s’enfonce dans une crise durable dont on saura l’ampleur et les conséquences si Wade est réélu ou s’il impose son fils ou encore une personne du parti sans des élections démocratiques concertées avec l’ensemble de l’opposition et des sénégalais.

 

Quelques chiffres:

Coût du projet GOANA: 360 milliards de f CFA sur 3 à 5ans

Objectif de production : 2 millions de tonnes de maïs, 3 millions de tonnes de manioc, 500 000 tonnes de riz, 43 400 tonnes de viande et 400 millions de litres de lait

10 000 ha vont être aménagés par l’Iran au Sénégal pour la culture du blé déclare le Pr du sénat pape Diop (26 mai 2008 sud online)

15 millions d’euros c’est ce que le gouvernement sénégalais prétend déployer pour venir en aide au monde rural frappé par la crise;

Selon la FAO, le Sénégal est passé pour son importation de riz dans les années 60 de 109 000 tonnes à 800 000 en 2004, en 10 ans, les importations de riz ont augmenté de plus de 50%. 

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