Les accidents de transports.Un problème de santé publique au Sénégal
Ecrire comme on vit...en
colère.
Plus que le sida, les
accidents de la route font plus de victimes au Sénégal dans le sens où chaque
famille peut se dire touchée par le fléau et que chacun peut témoigner de la
mort d’un proche sur les routes.
Le nombre de morts journalier dû
aux accidents de la route dans le pays devrait être supérieur à celui du VIH et à celui du diabète[1] . Bien sur au pays des chauffeurs qui s’en remettent à
Dieu en se déresponsabilisant, plutôt qu’à l’état technique de leur voiture ou
du réservoir d’essence, des données fiables sur les accidents de route font
défaut.
L’accident mortel dans les
circulations touche aujourd’hui toutes les couches de la population hormis
peut-être les membres du gouvernement qui se déplacent sous escorte,
paralysant la circulation infernale ainsi que l’activité des citoyens sur les
principaux axes du pays (une pensée au député Latif Coulibaly qui y est passé
quand même, coup du sort qu’ont eu du mal à accepter les membres du gouvernement
et de sa famille qui ont pensé à un acte de sabotage de la voiture ! Comme si
les accidents de route étaient réservés à un groupe, la population sans 4*4 et
sans escorte, majorité souffrante et pauvre).
Sabina P. à qui cet
article est dédié s’en est sorti avec quatre côtes et une clavicule cassées mais
pas le chauffeur.
Pas
plus que s’en est sorti en 2007, le jeune chauffeur Ablaye de Bignona âgé de 22
ans. Pour aider ses parents, il servait de chauffeur à un ami qui lui avait
confié un 405 comateux menaçant de rendre l’âme sur les routes du Kalonaye... c’est Ablaye qui a rendu l'âme.
Y sont passés également, il y a huit
ans, l’ex directeur de Sonacos, Mr Barro qui finira par succomber suite à l'amputation de ses jambes, l’ex directeur de la société
générale de Kaolack, le très honoré Lamine Fall qui perdra la vie en 2003 sur
la route de Fatick, pas plus que M Michel Diouf, l’un des plus éminents
professeur de Philosophie du LVN (lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack) ainsi que
la journaliste Fatou Ganiado Ndiaye et son nourrisson sur les cuisses l’été 2007 dans la même
voiture qui doublait une file de véhicules sans que le chauffeur ne s’avise d’un camion
au devant de lui, décimant des vies, des destins, des talents, des espoirs.
Ne s’en
sont pas sortis non plus l’un des rares gynécologues de la ville de Kaolack,
Mr Bodian il y a quelques années ainsi que des milliers et des milliers de sénégalais
anonymes ou célèbres morts sur le bateau Joola ou sur les goudrons infestées de nids de poules
de nos villes. Pourtant le président Wade a donné pour priorité à coup de
milliards, les tronçons de route dans la capitale négligeant les campagnes et
villes du pays qui ont besoin de l’amélioration de leur moyen de transport.
Dakar
plus développé n’est est que plus chaotique, semblable à ces capitales hybrides
et monstrueuses des pays d’Afrique (Abidjan, Douala, Lagos) qui attirent des
populations délaissées des campagnes espérant y trouver du travail et une
vie meilleure, puisque ces villes doivent être agréables pour les politiciens
qui y vivent et y circulent, en même temps qu'elles doivent être un objet de fierté.
Si
le Sénégal peut se réjouir d’avoir dans l’ensemble un réseau routier de plus en
plus étendu et entretenu ce qui n’était pas le cas il y a dix ans, il y a
beaucoup à faire et aucune enquête nationale qui tente de trouver des solutions à l’insécurité routière, n’a été initiée sur les accidents
de route : état
des voitures, surcharge automatique en personnes et en biens des véhicules, état
désastreux des routes de la Casamance, de Matam, de l’axe Fatick-Dakar, la
question des permis de conduire, l’excès de vitesse, les assurances, etc.
Au
Sénégal on ne voyage pas si on craint de mourir sur la route, alors on fait
comme les chauffeurs, comme les voyageurs, comme les passants, comme les
chèvres qui traversent les routes, on s’en remet à Dieu.
De
nombreuses questions sont restées le cadet des soucis des ministres des
transports successifs des gouvernements successifs.
Les
semaines nationales de la prévention routière se succèdent, la 6ème de
cette année qui s’est déroulée dans un hôtel de luxe sous l’égide du ministre
des infrastructures, des transports terrestres et des TICs a pointé du doigt…l’indiscipline
des chauffeurs. C’est tout. Les autorités se défaussent encore une fois sur les
usagers.
Quoi
qu’il en soit les accidents de route non encore inscrits dans les problèmes
prioritaires de santé publique, ni dans les questions de prévention causent une
hécatombe qui n’est pas prête de s’arrêter. Si l’Etat sénégalais ne parvient
pas à gérer une question aussi urgente et préoccupante qui allie des domaines
de santé publique et de sécurité nationale, sociales et économiques; l’on peut
trembler sur sa volonté d’écarter la SOMAT (société maritime de l’atlantique)
au profit d’une obscure société COSAMA (consortium sénégalais d’activité
maritime) qui sous un discours aux relents de chauvinisme a été créée de toute
pièce et fait craindre un retour de la mauvaise gestion et pourquoi pas du
Joola ?
L’on tremble de rage encore sur les déclarations et décision stupide du ministre de l’Artisanat et des Transports aériens (ne me demandez pas le rapport entre les deux domaines et la compétence du Monsieur) par rapport à l’ASECNA (Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar) et sur là encore, la décision du Sénégal de se retirer et de gérer son propre réseau aérien quand ce gouvernement échoue à gérer ce qui se passe sur les voies terrestres !
PHOTOS:
1) Liste des victimes du Joola, Kassoumay.com
2) Etat routier Afrique sub saharienne, OCDE Mai 2006, Université Laval Canada
3) Mosaïque dédiée aux naufragés du Joola, Kassoumay.com
4) Un camion chargé d'arachides sur la route de Fatick (sénégal), Britannica media
[1] une maladie cardiovasculaire qui touche de plus en plus de sénégalais et qui est la première cause de consultation chez les guérisseurs du centre Malango de Fatick qui accueille plus une centaine de patients par semaine, le diabète a aussi fait exploser le taux des fréquences hospitalières en médecine interne ces dix dernières années.